A la recherche de la ravine Trois Mares

La lecture du livre "Programme d'histoire-géographie pour la Réunion" Lycée, aux éditions Hatier est fort instructive. Page 16, figure le plan Terrier en couleurs de la paroisse de Saint-Pierre, établi en 1816 par Selhausen, "ingénieur géographe arpenteur" de la colonie, qui y note les concessions attribuées au 18è siècle et les terrains mis en commun entre les propriétaires. Sur le plan, ces terrains mis en commun sont colorés en jaune paille, et se situent de la rivière Saint-Etienne à la ravine des Cabris, de la mer jusqu'à la hauteur de la pointe de l'Entre-Deux, et une autre bande de la mer, entre la ravine des Cabris et la ravine Blanche, jusqu'au niveau où la ravine des Trois Mares se jette dans la ravine des Cabris...
Cependant actuellement, les différentes cartes de l'IGN, depuis au moins 1960, ne mentionnent plus l'existence de la ravine des Trois Mares en dessous du niveau du collège de la Ravine des Cabris (carte 4408 R de 1984) ou au mieux, sous la latitude du cap Assiette, au niveau du Chemin Sabrap Bois d'Olives (carte 4405 RT de 2002). La ravine des Trois Mares semble donc se perdre ... mais un tracé de ravine réapparaît environ 500 mètres avant une jonction avec la ravine des Cabris, située sur la carte juste au nord de la quatre-voies, juste avant le pont, ce qui pourrait correspondre avec le tracé de Selhausen.
Allons donc à la recherche du parcours disparu de la ravine Trois Mares ...
Le plan de Selhausen (même sur la photo originale, le nom des attributaires de concessions n'est pas lisible ...sauf pour la première concession à l'Est de la ravine des Cabris attribuée à un Motais de Narbonne.

Le canal de la Sabrap de Bois d'Olives
Départ classique vers la Ligne Paradis, par la rue Luc Lorion, un détour par la traversée du parking d'Hyper Crack, pour éviter le carrefour du Mac'Do et prendre le suivant, nettement moins dangereux. Montée à travers Basse-Terre pour rejoindre la Ligne Paradis juste avant le pont sur la quatre-voies. Suivre la Ligne Paradis vers l'ouest jusqu'à Bois d'Olives et tourner à droite au chemin Toby les Hauts, puis à gauche au chemin de la Sabrap de Bois d'Olives, en traversant le chemin Ste-Céline, le chemin devient empierré, et peu après, deux bandes bétonnées en pente, nous voilà traversant le lit de la ravine Trois Mares, à son extrémité visible.
La ravine des Trois Mares ...
En effet, en aval, on ne voit plus guère de zone en creux ... Je reviens donc sur mes pas, remonte le chemin Ste-Céline, puis tourne au premier chemin à gauche, le chemin Souanou, et là le lit est bien visible, avec un superbe carreau de haricots verts, je remonte à droite un chemin de terre (avec un pied de grenade bien chargé !), on arrive alors au chemin Mokas qui descend vers la ravine, il la traverse sur un ponceau. Un très beau verger de manguiers est juste en face sur la rive droite, qui monte doucement, alors que la rive gauche, à l'Est, est un rempart. Je remonte en biais sur la rive droite, un chemin goudronné. Il semble d'ailleurs emprunté par les piétons qui veulent couper vers le centre de Bois d'Olives. Une allée redescends à droite, mais en impasse, donc je continue à remonter.
L'allée Bois Noirs
J'arrive enfin à l'allée Bois Noirs, que je monte, passant devant le Refuge et la station service, et je m'arrête avant le pont, juste après le carreau de cannes à droite, au niveau du chenal en gros galets. Je dépose là le vélo - je me souviens être déjà venu, peu après les travaux, et on pouvait aller jusqu'au bout du déversoir sans problème -. Maintenant, c'est une autre affaire, il y a bien une vague trace, mais il faut slalomer entre les galaberts, les chocas (plantés !) pour arriver  enfin au bout, et avoir la vue sur un grand toboggan ... On s'aperçoit donc bien que maintenant, l'eau venant de la ravine des Trois Mares est déviée vers le bras de la Plaine (on y est à moins de deux cents mètres) et qu'éventuellement, le surplus pourrait passer au-dessus de la digue pour retomber dans le lit originel.
Le pont sur le bras de la Plaine
Je reviens à la route pour faire un tour sur le pont, la vue dans tous les sens est imprenable, et vers le nord, la cascade de la ravine Gale brille. Encore une montée dans le chemin Maurice Thorez jusqu'à la maison Lenormand, pour redescendre ensuite sur la rive gauche de la ravine par le chemin Lenormand. Le lit à cet endroit est minuscule en comparaison avec sa largeur une centaine de mètres plus bas ! Je tourne à droite au chemin Dumesgnil, il plonge bientôt, il tourne à droite vers la ravine mais s'arrête brutalement, il faut donc remonter pour passer un zone de terre pour retrouver une route goudronnée dans un lotissement, c'est le chemin du Dr Dierik qui arrive en bas près du pont, devant l'Appolo Night. Un crochet dans un chemin qui longe la ravine, mais qui se termine très vite dans des habitations. Retour donc vers la route vers le centre de la Ravine des Cabris, puis à droite dans le chemin Ste-Céline, le passage devant le collège, le retour vers l'allée des Songes et le chemin Mokas, le chemin Souanou. Un riverain m'indique que la ravine des Trois Mares ne coule pratiquement plus ici, surtout depuis les travaux de dérivation vers le bras de la Plaine, mais il se souvient qu'au moment du cyclone Firinga, en 1989, plusieurs habitations avaient été inondées dans le quartier. Je continue à descendre, et passe dans la plupart des chemins de terre du secteur, toute la zone a été construite, et on ne trouve plus trace de la ravine ...
Le chemin Bancoule
J'arrive de nouveau dans l'allée Bois Noirs, puis je retourne à gauche dans le chemin Bancoule, et là, d'abord  une dépression à droite, vers l'aval, sans habitations, je continue une dizaine de mètres, et en me retournant, je vois un panneau "attention radier submersible", donc dans le sens nord/sud. Je reviens donc en arrière, et je constate qu'à cet endroit, vers l'amont, un mur est construit "sur pilotis". En effet, il y a un espace vide d'environ presque un mètre sous le mur, qui est simplement posé sur des poteaux bétonnés espacés de deux mètres ... Il y a donc certainement de l'eau qui passe par là ! Je reviens vers la Chapelle au carrefour, je tourne à gauche pour aller vers le centre de Bois d'Olives. Pas le moindre signe de ravine, pas de pont ...
Le collège de Bois d'Olives
Je reviens et descends vers le chemin de la Savane, puis me dirige vers le sud-est dans un chemin de terre qui passe le long de la clôture du collège de Bois d'Olives et du terrain synthétique. Des travaux sont en cours dans le secteur. Je continue sur le chemin de terre qui remonte vers l'Est du collège. A droite, part un sentier, bien tracé, qui semble se diriger vers le foyer Albert Barbot. Je m'y engage... Il se faufile au milieu des hautes herbes, des acacias. Pas très loin, une carcasse de scooter complètement désossée, un poste télé ... On passe en biais à travers un enclos avec des murets de parpaings, et à nouveau un chemin en terre, des maisons, j'arrive le long du canal Saint-Etienne, au bout du chemin Balzamine, et du chemin Vélia, je descends à droite dans le chemin en terre, qui tourne tout de suite. A gauche du chemin, il y a une belle haie d'ambrovates dont les gousses commencent à être bien renflée. Il faut continuer jusqu'au poteau électrique en béton (qui est accompagné de plusieurs poteaux en bois plantés à côté), puis tourner à gauche dans une belle allée entre les cannes, et nous longeons maintenant la propriété de La Vallée. Il faut alors impérativement tourner à droite pour descendre la grande allée qui ira jusqu'à la quatre-voies.
Rencontre avec une charrette boeuf
De vieux manguiers sont dressés à distance régulière. Un boeuf et sa charrette, remplie d'herbes, barrent le chemin, mais à mon approche, il avance tout seul pour me laisser passer ! Son conducteur est pas très loin derrière, penché, coupant les herbes à la faucille. Nous discutons, il habite chemin Boeuf et descend régulièrement ici. Son charrette n'a point besoin l'essens, boeuf y donn fumier ... J'arrive maintenant à une zone d'herbage à gauche, puis des friches à droite, puis de nouveau, des herbages où les arroseurs, déviés par le vent, qui revient,  m'aspergent largement... Et c'est le bruit des autos, la quatre-voies est proche.
La ravine des Trois Mares retrouvée
A gauche à la route goudronnée, une bonne centaine de mètres, le début d'une descente, et tout de suite à gauche, dans les cannes, la ravine des Trois Mares retrouvée ! Je la longe sur trois cents mètres, elle est bien endiguée par de gros galets sur la rive droite, mais je dois rebrousser chemin juste avant un méandre, il faudrait continuer à pied. Je retourne donc à la route, je descends et c'est bien là que le confluent de la ravine des Trois Mares et de la ravine des Cabris, dont le lit s'étale bien plus largement. Je ne passe pas sous le pont de la quatre-voies, mais je remonte en face, par un chemin de terre (les amas de détritus signalés lors d'une précédente sortie ont été retirés). Pas loin à gauche, sur la rive gauche de la ravine des Cabris, des engins de terrassement s'affairent. Je continue, le chemin suit en hauteur la quatre-voies, il redescend maintenant, devient un sentier, avec un passage parsemé de grosses roches volcaniques. Nous redescendons dans un lit de ravine (non dénommée sur la carte, à l'ouest de la ZI 2) pour remonter juste à la sortie de la station Total. Je continue ensuite par la route venant de la zone industrielle, j'arrive au rond-point, je passe à droite sous le pont pour tourner à gauche à l'ancienne route nationale 1. La pointe du Diable est bien dégagée, du vent, mais peu de moutons sur la mer, et surtout, pas de houle. Le rond-point Cadjee, la rue Marius et Ary Leblond, à droite pour retrouver la rue Père Favron, un passage aux deux écoles de Cayenne et un retour au front de mer ...
D'avion, on doit mieux voir et plus rapidement, mais en vélo, c'est plus amusant ...

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